Dès l'âge de quinze ans, il fait partie de l'atelier René Aubert, sous l'œil amical de Brayer et de Dunoyer de Segonzac qui, en 1966 lors de l'exposition « Souvenirs de Corot », le félicite et l'encourage fortement à poursuivre ses portraits.
Il fit sa première exposition en 1964 dans une ravissante chapelle du XVIIe siècle, sous la présidence de Gérald Van der Kemp.
Toujours à la recherche de lieux riches en histoire pour y exposer ses œuvres, Gilles Dupuis découvre en 1969 le Pavillon du Butard, charmant rendez-vous de chasse de Louis XV. Il en fait alors son lieu privilégié d'exposition et y présente régulièrement ses toiles depuis maintenant plus de trente ans.
Ainsi ce petit pavillon de repos qui abrita les secrets de nombreux personnages au cours des siècles, revit les feux de son passé à l'occasion des fêtes que l'artiste et son épouse y organisent savamment. Concerts, dîners aux chandelles, fêtes costumées, se succèdent au milieu du tourbillon de ses œuvres, sous le regard bienveillant des âmes d'antan qui l'habitent encore.
Maurice Rheims, de l'Académie française :
Ceux qui ont eu le privilège de suivre du regard les courses subtiles et narquoises
du pinceau de Gilles Dupuis, occupé à décorer les murs du plus beau palais du
monde, sauront que prince du trompe l'œil, il est à sa façon un prestidigitateur.
Gilles Dupuis sur ses palettes puise la couleur, ajoute une peu de térébenthine,
et avec ça concocte pour notre plaisir des éléments silvestres et leurs mille
essences. Préférez-vous le marbre, inutile d'aller à la carrière. Dupuis tape dans
ses mains, et obéissant à la fantaisie de l'artiste, travertins, brèches et autres
minéraux se vautrent sur les cimaises ; Dupuis est bien le descendant de ces romains,
de ces pragois qui depuis le XVIe siècle ont réussi à rendre plaisantes tant de demeures princières souvent
si mornes.
Tels les meilleurs céramistes nippons des siècles passés, si habiles à glacer la patine, j'ai vu notre artiste couvrir une pièce de feuilles de parchemin ocré par le temps, les poser l'une à côté de l'autre, les encoller, laisser même entrevoir les joints, et cela sans parchemin, sans colle, sans rien d'autre que ses crayons et quelques godets de peinture. Illusion !
Rien d'étonnant alors si faisant fi de l'architecte, du maçon, notre diable qui aime à se faire la tête d'un faune, à l'aide de quelques traits, édifie au gré de sa belle humeur sa maison du jour. Car il est également peintre et dans la belle tradition ; empruntant la sortie des artistes, il s'évade dans la campagne toscane, plante son chevalet pour transposer sur sa toile ce qui s'offre à sa vue : paysages montagneux, oliveraies, collines ivres de soleil, chemins qui invitent à se perdre. Paysagiste, il use volontiers d'un pointillisme à larges touches, d'un impressionnisme quelque peu tardif, jeu qui apparente Dupuis à Laprade ou à Lebasque, eux aussi amants éperdus des mêmes Italies…
Tout cela est gai et traduit si bien une nature souriante, un caractère aimable, une aspiration à une grande douceur de vivre, comme on le constate avec ses façons de saisir si subtilement l'admirable cité médiévale de San Gimignano. On regardera également avec bien du plaisir les scènes empruntées à la vie quotidienne : celle qu'il a brossée à la piazza del Carmine à Florence, où une dizaine d'hommes et de femmes sont là surpris devisant sous les tentures légères qui laissent filtrer la plus jolie lumière du monde. Gilles Dupuis se sert de l'animation de la rue pour faire chanter son univers chromatique ; grâce à des oppositions quelques fois hardies il fait vibrer les touches de l'extrême, telles les scènes qu'il a prises sur le vif à une terrasse de Portofino. Gilles Dupuis est également portraitiste ; habile, il fait bouger ses modèles, sans violence, il donne pleinement la mesure de son savoir-faire.
C'est vrai, il sait tout faire Gilles Dupuis. Ajouter à cela qu'il est issu d'une cité qui m'est chère au cœur: Versailles, où le peintre habite à quelques rues de là où j'ai vu le jour.
Gilles Dupuis est « mon pays ». |